26e symposium sur le diagnostic : Tout en mutation ?

« Avec le thème de cette année, « Tout en mutation ? », nous abordons l’une des rares constantes de la vie : le changement ». C’est par ces mots que le Dr méd. Martin Risch, CEO du groupe Dr Risch, a ouvert le 26e symposium sur le diagnostic. « Ce phénomène complexe intervient en médecine et dans les sciences tour à tour comme cause et effet d’innovations révolutionnaires, d’améliorations essentielles et de nouvelles connaissances ». Ce qui promeut le changement et les visages que celui-ci peut prendre sont les sujets qui ont été abordés par six intervenant(e)s de haut niveau issu(e)s des disciplines les plus diverses. Leurs connaissances dans les domaines de l’endocrinologie, de la médecine de laboratoire, de l’infectiologie, de la cardiologie et de la médecine interne générale ainsi que les éclaircissements apportés par les approches interdisciplinaires ont montré de manière impressionnante où le voyage peut mener dans le secteur de la santé.

Évolution de la compréhension de la maladie

C’est un fait : les grandes maladies courantes gagnent du terrain dans le monde entier. Ces « non-communicable diseases » (NCD) comprennent notamment les maladies cardiovasculaires telles que les AVC, les infarctus du myocarde, les maladies pulmonaires chroniques et l’asthme, ainsi que les tumeurs ou les maladies rénales et hépatiques chroniques. « L’incidence et la prévalence des NCD augmentent dans le monde entier. Pourquoi en est-il ainsi ? » : telle est la question qu’a posée le Prof. Dr méd. Harald Renz, professeur d’université et directeur de l’institut de médecine de laboratoire UKGM. « Essentiellement, cela est lié à l’évolution des conditions et des modes de vie. » Les spectres de mobilité, les modes d’alimentation, les conditions de logement et de travail changent et les troubles psychiques se multiplient. Mais les événements climatiques tels que les tempêtes de sable, la sécheresse, les vagues de chaleur ou les orages violents ont également une influence directe sur les troubles du système immunitaire et du métabolisme. « C’est une tâche herculéenne que d’intégrer ces relations complexes entre elles et de développer des modèles permettant de mieux maîtriser ces maladies répandues – tant en ce qui concerne le diagnostic que le traitement et la rééducation », a résumé H. Renz.

Le traitement antibiotique en pleine évolution

Dans son exposé sur le traitement antibiotique personnalisé, le Prof. Dr méd. Andreas Widmer, médecin-chef adjoint émérite de l’Hôpital universitaire de Bâle, a évoqué la nécessité d’adapter le traitement aux patientes et patients d’une part, et aux germes d’autre part. Il a souligné un changement de paradigme dans l’interprétation de la résistance aux antibiotiques et a expliqué cette nouvelle classification du point de vue de la pratique. Pour que les antibiotiques puissent être utilisés efficacement dans certaines situations, il est nécessaire de déterminer une « concentration minimale inhibitrice ». Celle-ci a également été expliquée à l’aide d’un exemple pratique.

Dépistage précoce grâce à de nouvelles possibilités

Le Prof. Dr méd. Christian Müller, médecin-chef et directeur de la recherche clinique et de la cardiologie hospitalière à l’Hôpital universitaire de Bâle, a donné un aperçu des dernières avancées dans le domaine du dépistage précoce du syndrome coronarien aigu, qui comprend par exemple l’angine de poitrine instable ou l’infarctus du myocarde. Il a souligné combien un diagnostic et un traitement précoces sont importants pour protéger au mieux le muscle cardiaque. « Les pierres angulaires du diagnostic sont l’anamnèse, l’ECG 12 dérivations et la mesure en série des troponines cardiaques », a résumé C. Müller. Grâce au développement de tests cardiaques de troponine ultrasensibles, il est par exemple possible d’identifier rapidement les patientes et les patients susceptibles de bénéficier d’une admission dans l’unité de surveillance cardiaque. De même, il est possible de faire sortir plus tôt des urgences les personnes à faible risque.

Gestion moderne des lipides

Dans sa mise à jour sur la gestion pratique des lipides, le Prof. Dr méd. Christoph Säly, spécialiste en médecine interne, endocrinologie et cardiologie, a souligné que les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité due aux modifications athérosclérotiques des artères. « Étant donné que les lipides jouent un rôle crucial dans leur apparition, la gestion des lipides est d’une importance capitale dans la prévention cardiovasculaire », a-t-il clairement affirmé. Des études épidémiologiques montrent que les personnes ayant un taux de cholestérol LDL élevé présentent un risque accru d’événements cardiovasculaires tels que les infarctus du myocarde et les AVC. La réduction du cholestérol LDL est donc au coeur de la gestion moderne des lipides.

Amélioration des soins aux patients grâce au raisonnement clinique (clinical reasoning)

Dans le domaine des soins primaires, caractérisé par une grande diversité de consultations et un large spectre de population, les méthodes de raisonnement clinique peuvent être utiles pour une meilleure attribution des symptômes d’une maladie. Ce processus consiste à collecter et à évaluer de manière ciblée des informations sur les patients afin de déterminer un traitement médical approprié. « Contrairement à l’approche intuitive, les décisions basées sur le raisonnement clinique sont transparentes et justifiables », a expliqué le Dr méd. Stefan Markun, spécialiste en médecine interne générale à l’Hôpital universitaire de Zurich. « Mais pour un diagnostic différentiel complet et une évaluation systématique de toutes les probabilités, les praticiens manquent de temps et n’ont pas non plus la formation requise ; dans la plupart des cas, la base de données manque également ». Il a ensuite présenté une méthode de raisonnement clinique applicable en soins primaires.

Transformation numérique dans le secteur de la santé

La numérisation progresse rapidement dans le secteur de la santé également. La Prof. Dre Andréa Belliger, codirectrice de l’IKF et prorectrice de la Haute école pédagogique de Lucerne, s’est penchée sur la question de savoir ce qu’est réellement la transformation numérique dans le secteur de la santé. « Il s’agit d’un processus qui concerne l’ensemble de la société, au-delà des applications de santé et des algorithmes intelligents », a affirmé A. Belliger. La transformation numérique n’est pas, dans son essence, un processus technologique, mais plutôt un processus de transformation culturelle, lié à de nouvelles valeurs et normes telles que la communication ouverte et la transparence. Cela a des conséquences directes sur l’organisation et les modes de direction et exige des entreprises et de leur personnel une grande ouverture et une réelle disposition au changement.